L'Argent des Anes

J'ai adapté cette comédie de Plaute (titre latin : Asinaria) qui m'a semblé très séduisante à la fois par sa puissance comique et par la lumière qu'elle apporte sur les moeurs des romains (sous habit grec) du 2° siècle avant J.-C.

Elle met en scène, au centre de l'action, deux jeunes gens follement amoureux l'un de l'autre . Mais si le jeune homme est un homme libre, enfant d'une riche famille, la jeune fille est prostituée, contre son gré, par sa propre mère. Or le jeune homme n'a pas lui-même l'argent qui lui permettrait d'acheter à la mère les faveurs de son amoureuse. Son père serait prêt à lui donner la somme voulue mais c'est sa femme qui a l'argent, lui-même n'a rien. Il faudra donc soulager la mère du jeune homme de la (forte) somme nécessaire . Deux coquins d'esclaves vont s'en charger : tout finira bien et presque conformément à notre morale actuelle.

A propos de morale; la pièce semble bien en manquer totalement : une mère qui prostitue sa fille, un jeune homme amoureux d'une prostituée et prêt à acheter ses faveurs, le père de ce jeune homme disposé à aider son fils à trouver la somme à condition de jouir, la première nuit, de la jeune fille, voilà qui choque nos beaux principes. Mais quand on lit mieux la pièce on voit dans cette situation l'effet de la misère sur une vieille femme qui ne pense avoir d'autre solution pour vivre que de prostituer sa fille, on voit la fille qui se sent contrainte, malgré sa répugnance, à se prostituer pour obéir aux ordres maternels et parce que, elle aussi, la misère la guette, on voit un jeune homme, véritablement amoureux, qui n'a d'autre solution que d'accepter que la femme qu'il aime passe par le lit de son père parce qu'il ne dispose pas de l'argent nécessaire. Sous le voile grec indispensable pour que la pièce ne soit pas rejetée, quel portrait critique de la société romaine!

J'ai voulu faire une adaptation de cette pièce sans changer ni les situations, si intéressantes, ni les personnages, si vivants. C'est le langage que j'ai travaillé pour que cette pièce puisse faire le bonheur de tout amateur de théâtre même s'il n'est pas latiniste . J'ai aussi modifié légèrement certaines scènes pour que la pièce puisse être jouée dans un seul décor : une petite rue tranquille dans un port grec.

Pierre Lallemand

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L'Argent des Anes

 

PLAUTE

sans doute le plus populaire des comiques latins

sa vie, son oeuvre